Les vampires psychiques au travail et le mythe de Dracula

Le vampire est le symbole du prédateur qui vous envoute puis se nourrit de vous, en vous vidant de votre énergie vitale.

Au-delà du mythe fondateur, on parle aujourd’hui de vampire psychique, qui sait vider sa proie de son énergie, de sa force de travail, et parfois de ses compétences pour se les approprier.  Si vous en avez croisé dans votre entourage professionnel, voici quelques tuyaux pour vous en défaire…

Le film Dracula de Francis Ford Coppola (1992), directement inspiré du livre de Bram Stocker du même nom (1892), prend sa source dans une légende du XVè siècle dans les Balkans. Le comte Vlad était un guerrier sanguinaire surnommé l’empaleur à cause de sa manière particulière de tuer et d’exposer ses victimes. Il était aussi surnommé « Dracul », qui signifiait « fils de dragon ». Tout un programme aussi fantasmatique que visuel !

 Depuis les années 1920 au Cinéma avec Nosferatu jusqu’à aujourd’hui avec Twilight ou des séries comme Vampire Diaries, le mythe du prince des ténèbres ne cesse de nourrir l’imaginaire. Tantôt monstre sanguinaire, tantôt héros romantique damné, le Vampire vous ensorcelle pour se nourrir de votre sang, expérience dont vous finissez littéralement… exsangue.

Alors que les versions diffèrent dans les films entre conte horrifique ou drame d’amour contrarié, il est toujours question d’emprise et d’envoutement.

Si on fonctionne par analogie, vous avez peut-être croisé la version symbolique du prince des ténèbres au travail : il s’agit du vampire psychique qui ne se nourrit pas de votre sang mais bien de votre énergie, en vous ayant préalablement hypnotisé par son charisme. 

Attention ! Il ne s’agit pas du pervers narcissique, pourtant si à la mode…

Le Vampires Psychique n’a pas, au contraire de son cousin Pervers, la volonté de vous détruire. Paradoxalement, le vampire est moins « monstrueux », en ce sens qu’il ne fait pas particulièrement une fixation sur vous pour « avoir votre peau ». Il est plutôt dans la nécessité de trouver une proie, énergique de préférence, et de se servir de vous. N’y voyez donc rien de personnel. Vous ou une autre c’est égal : il en va de sa survie.

Vous en avez forcément déjà croisé dans votre sphère professionnelle (mais pas que…) et il peut aussi bien s’agir d’un homme que d’une femme. C’est souvent un personnage hautement sympathique de prime abord, voir même légèrement hypnotique.

Il parle, il parle, il parle… Le temps a passé et vous ne savez expliquer pourquoi vous sortez de ce type d’entretien, épuisé ; et en ayant parfois accepter n’importe quoi !

 

Comment les identifier :

  • Le plus inoffensif d’entre eux est ce « mangeur de temps » qui vous attrape avec une phrase qui paraît anodine et qui n’a pour but que d’établir le fameux « eye contact » : bingo ! vous êtes la proie qu’il vient de piéger. Celui là joue sur son capital sympathie et sur votre crainte d’être impolie. S’ensuit une phrase de 20, 30, 40 minutes, sans reprendre son souffle qui vous met au supplice: Rien ne vous permet de vous échapper d’un discours totalement roboratif et soporifique. Celui-là a juste besoin de se vider de ses angoisses, de son vide intérieur et comme vous passez par là et que vous lui avez manifesté le moindre petit intérêt, c’est pour vous…. Sa logorrhée le fait se sentir important, il a un public !
  • Le plus dangereux est celui qui se sert de vous pour vous déposséder. On pourrait le comparer à cet « Homme sans qualité » qui en cherche ailleurs là où il n’a pas réussi à s’en trouver à lui-même. Celui va vous faire prendre une décision que vous ne vouliez pas prendre, vous faire faire ce que ne vouliez pas donner, vous soutirer des informations que vous ne vouliez pas divulguer et s’en servir pour se légitimer. Son charisme vous fascine d’abord. Il vous porte un intérêt aussi soudain qu’énigmatique. Puis très vite, il devient acerbe. Il critique votre travail mine de rien « il est pas mal ton petit rapport » puis vous le pique sans vergogne. Si vous ripostez : « il ne voit pas du tout de quoi vous voulez parler… »

Comment s’en défaire :

  • « Le mangeur de temps » a juste besoin de cadrage :
    . La temporalité : Je n’ai que 5 minutes à t’accorder car j’ai une réunion qui m’attend
    . Le cadrage : Sais-tu précisément de quoi tu voulais me parler ?
    . La reformulation : si j’ai bien compris….
    . Le recadrage : mais je croyais que tu voulais parler de …
    . La spécification : j’ai du mal à te suivre, aurais-tu un exemple concret ?
    . Le bouclage : C’est très intéressant, je serais ravie d’en reparler une autre fois avec toi, mais je dois filer …

–> En toile de fond, garder cet adage à l’esprit : « Mon temps est aussi précieux que le sien ! »

 

  • « L’Homme sans qualité » vous impose un centrage et une réassurance de votre propre valeur :
    . Ne décider rien dans la précipitation. Prenez votre temps pour prendre une décision qui vous engage : « Je vais y réfléchir et reviens vers toi ».
    . Méfiez-vous des flatteurs qui n’engagent que ceux qui les écoute. Comme le dit Christel Petitcollin, coach en développement personnel et auteure : « ne vous faites pas attraper par les oreilles, vous n’êtes pas un lapin ! »
    . Écoutez votre instinct : si quelqu’un vous approche et que vous ne comprenez pas vraiment ni ses intentions, ni son soudain engouement pour vous, c’est qu’il y a un loup !
    . Si vous vous sentez critiqué, attaqué, piqué au vif de manière détournée, faites reformuler : « je n’ai pas bien compris ce que tu as voulu dire, peux-tu me l’expliquer ? », ou faites spécifier de manière factuelle : « que veux-tu dire par « petit rapport » ? il fait 130 pages ». Il vaut mieux paraître candide que de se faire berner.
    . Si la critique devient vindicte, n’hésitez pas à faire des réponses évasives : « Si tu le dis », « c’est ton avis et tu as le droit de le penser, mais je ne le partage pas ».

–> En toile de fond, garder cette idée à l’esprit : S’il « s’attaque » à moi, c’est bien que j’ai quelque chose à « défendre ». Et ce quelque chose est une qualité qui est en MA Possession et dont il a besoin. Mais il ne peut la prendre sans mon consentement.
Et si ça ne suffit pas, visualiser le comme Dracula, avec ses grandes dents, assoiffé de sang… bref voyez ses véritables intentions en face, derrière ses sourires enjôleurs.

 

Maintenant que vous avez quelques gousses d’ail, pieux et crucifix à disposition, vous saurez quoi faire si vous en croisez un ! Normalement, avec tout ça, vous le verrez vite s’éloigner pour changer de proie. Il est comme ça, Dracula…

Si vous voulez aller plus loin, je conseille cette intéressante lecture :
Les vampires psychiques de Stéphane Clerget (Fayard)

 

 

Claire Laugier Breton

Claire Laugier Breton

Spécialiste des Ressources Humaines et de la Communication

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