MAD MEN
En ces temps de pandémie mondiale, je vous propose une « semaine Mad Men »: Une série qui parle d’hommes tourmentés, de femmes qui s’émancipent, d’une société de consommation qui prépare sa chute et qui fait de l’Amour un concept pour vendre des bas nylons !
Dans la brillante série des hommes de Madison Avenue, les « Mad Men » n’étaient pas des fous mais des publicitaires aux costumes chics, chapeaux en feutre et clope au bec qui travaillaient à Manhattan dans le monde florissant de la « Réclame » des années 60.
Son héros y est l’incarnation du rêve américain : Don Draper, l’homme parti de rien qui parvient au succès professionnel, financier et familial et qui possède un charme auquel rien ni personne ne résiste.
Mais Donald Draper est aussi un imposteur, un usurpateur d’identité. Dick alias Don est un homme torturé, hanté par le secret de la dissimulation. Don est un homme qui s’est inventé et c’est aussi ce qui participe du succès de son archétype du self made man de l’American Way of Life. Quand on est parti de rien, on peut tout inventer, y compris « offrir un coca cola au monde » ce que Don Draper finira par faire…
La série débute à la fin des années 1950 et se termine à l’orée des années 70, et cette temporalité ne doit rien au hasard. Elle y développe aussi en filigrane sociale, les débuts de la société de consommation de masse, avec l’explosion de la réclame, la nouvelle consommation des ménages, et l’émancipation de la femme qui devient prescriptrice d’achat, pour finir avec le mouvement hippie et l’émergence de la contestation de la même société de consommation.
Dans nos temps modernes de pandémie mondiale, la série démontre les dérives à venir de la surconsommation des « trente glorieuses » : Tabac, alcool, grosses voitures et coca cola pullulent dans la série jusqu’à l’outrance.
L’épisode pilote de cette série prolifique aux 7 saisons, sous le titre « Smoke gets in your eyes » pose tout le cadre de la série. Il joue sur le double jeu de mots de la campagne de cigarettes Lucky Strike sur laquelle travaille Don et la célèbre chanson triste des platters de 1958, année où démarre l’intrigue. Donald Draper, le héros définit ainsi son métier de publicitaire :
« La publicité est basée sur une chose : le bonheur ! Qu’est-ce que le bonheur ? C’est l’odeur d’une voiture neuve, l’oubli des craintes, le tableau de bord en bois qui hurle le réconfort, qui vous dit que quoique vous fassiez, ça va … pour vous, ça va… ».
Plus tard, Don, cynique, précise à une de ses conquêtes : « Vous n’avez pas trouvé l’amour car il n’existe pas. Il a été inventé par des gars comme moi, pour vendre des bas nylons. On nait seul et on meurt seul. La société multiplie les règles pour faire oublier ça. Mais, moi, je n’oublie jamais. Je vis comme s’il n’y avait pas de lendemain, car il n’y en a pas ».
Dans la newsletter Time To Philo, l’article de Novembre 2019 fait référence au « bonheur des consommateurs », (Jean-Baptiste Julliard). Jean Baudrillard, théoricien de la « société de consommation », y est cité car il distingue le bien-être économique, socialement conditionné, de la quête privée d’un bonheur authentique. À travers l’acte simple de consommer, c’est bien le bonheur que nous prétendons chercher ; la consommation permet donc de saisir un « bien-être mesurable par des objets et des signes, du confort » écrit-il dans La Société de consommation.
Autant d’éléments à remettre en question en ces temps de mise à l’arrêt et de réflexion sur le sens de nos vies.
Ainsi, j’ai pensé partager avec vous, quatre grands thèmes – articles suivants – de cette passionnante série :
– 1/ La publicité et le biais de confirmation
– 2/ Des hommes tourmentés dans les séries HBO
– 3/ L’émancipation de la figure féminine au travail dans Mad Men
– 4/ Influence et Persuasion : Pourquoi Don Draper est-il un vrai leader ?
Claire Breton
Coach et Consultante RH