De l’atypisme à l’inclusion
Avez-vous noté ces derniers temps que les dessins animés d’antan sont re-visités et remplacés par une nouvelle expérience : celle de l’image réelle. Le livre de la jungle, Aladin, Blanche Neige, bientôt Le roi lion, et aujourd’hui Dumbo. Pour une société régie par l’image, cela paraît cohérent :
Du neuf avec du vieux + du réel = succès garanti !
Tourné par un maître de l’imagination pour le moins alternative, Tim Burton offre à son Dumbo un regard si humain et porte par la même un joli regard sur la différence dans nos sociétés consuméristes.
Et oui avoir de longues oreilles n’a d’abord aucun sens pour ceux qui ont l’habitude de n’en voir que des petites. Mais c’est sans compter sur le « don » qui l’accompagne… et qu’il faut savoir apprivoiser. Dumbo naît différent, mais s’il semble lui manquer quelque chose – de la normalité – il a quelque chose en plus – la capacité de voler.
Oser laisser libre cours à sa créativité, c’est « voler » nous dit le film. Et voler c’est créer alors un autre spectacle, un nouveau spectacle, celui qui fait venir du monde, celui qui « fait vendre ».
Un spectacle qu’une grande major, ressemblant à s’y méprendre à DisneyLand, veut très vite posséder. Pour se faire toutes les images du méchant capitalisme y passent :
- Rachat du petit patron, rendu inoffensif par l’argent fourni, et rapidement mis au placard
- Licenciement de tous ses employés une fois le rachat effectif
- Désir d’annihilation du sens de ce qui fait « fonctionner » le sujet (ici la mère de Dumbo), pour maîtriser et industrialiser le show.
On voit bien ici que l’atypisme du sujet veut être posséder par la major, sans être aucunement compris. Par conséquent, tous les bénéfices obtenus vont être non seulement rapidement perdu mais avec eux, c’est aussi tout le système de la major qui s’effondre. Quelle belle leçon l’empire Disney se donne à elle-même !!!…
Moralité :
L’atypisme est un don qui par ses idées, sa manière de voir les choses différemment peut mettre le show/ l’entreprise en haut de l’affiche.
Il peut créer de nombreux bénéfices, mais sans apprivoiser cet atypisme, sans apprendre à le comprendre, point de confiance et donc point de pérennité du lien entre atypisme et organisations.
Aujourd’hui l’entreprise s’intéresse de plus en plus aux profils « atypiques ». Elle y voit son intérêt. La créativité et l’innovation qui l’accompagnent sont des atouts dont les organisations ont cruellement besoin pour émerger face à la concurrence. Mais sans envisager de comprendre cet atypisme, de comprendre ce qui le motive, ce qui donne du « sens » à ce qu’il fait et de lui faire une place à part au sein d’organisations normées, l’entreprise passe à côté des « dons » qui l’accompagne.
Accepter cette différence et la valoriser, comme un facteur de succès, est un début. Entrer dans le phénomène d’inclusion est l’étape suivante :
Faire des grandes oreilles, une « nouvelle » norme !

Claire Laugier Breton
Spécialiste des Ressources Humaines et de la Communication