« Montessorisser » l’entreprise
Le Cercle des poètes disparus, film de Peter Weir de 1989, mettait en scène un professeur de littérature aux méthodes alternatives dans la société britannique austère des années 50.
Ce « captain, oh my captain » apprenait à des jeunes à prendre conscience d’eux-mêmes et de leur capacité propre. Il faisait, en un sens, la promotion de l’autonomie : Apprendre à penser par soi-même comme condition de développement de l’individualité.
Si la bienveillance
mot certes devenant de plus en plus « tarte à la crème », peut se définir par une
« disposition favorable envers quelqu’un », le Professeur de littérature incarné par feu Robin Williams en faisait un outil d’ouverture à l’essence de l’être. En s’évertuant à penser que chacun possède en lui son propre trésor, il permettait de faire éclore une forme de réussite personnelle chez l’individu.
De la même manière, les méthodes dites alternatives d’éducation en vogue actuellement, avec en tête les pédagogies Montessori ou Freinet, mettent la bienveillance au centre du processus éducatif. En étant bienveillant, on apprend à l’enfant à avoir confiance dans l’adulte qui l’oriente certes mais qui le laisse apprendre et se développer par lui-même, et par la même à avoir confiance en lui.
Cette confiance
est le socle de toute idée de développement de la personne et de sa performance. La société en a de plus en plus besoin. Pour preuve, la littérature dite de développement personnel mettant cette confiance au cœur de tout processus de réussite est aujourd’hui pléthorique.
Si on met en parallèle ces méthodes alternatives d’éducation avec une nouvelle idée d’un management alternatif et personnalisé, l’entreprise et sa transformation ont de belles heures devant elle.
Certaines entreprises ont compris que le management avait intérêt à évoluer, que les nouvelles générations ne répondent plus aussi bien à un management traditionnel où la hiérarchie paternaliste est le garant d’un ordre rassurant.
De nouvelles méthodes voient le jour, où faire émerger du collaborateur le meilleur de lui-même est un gage de performance. L’idée pour le manager est de laisser une certaine liberté d’action à son collaborateur sur ses tâches et faire émerger d’un poste ce qu’un collaborateur va en faire.
Ce nouveau paradigme permet de développer,
par la notion de confiance,
ce qui n’était parfois pas prévu, pas pensé, par celui qui est au cœur de la tâche et de sa pratique.
L’école Montessori est une méthode mais elle se sert surtout d’outils. Elle laisse les enfants apprendre en manipulant des objets spécifiques, comme promotion de l’autonomie.
L’outil managérial peut être non pas dans la manipulation d’objets mais dans une forme de développement des sciences du langage en entreprise. Si le collaborateur est au cœur de son action, s’il a une certaine forme d’impact et de pouvoir sur ce qu’il fait, il va développer sa motivation, son envie, son implication mais aussi ses idées. Et tout le monde est gagnant.
Au-delà de la compétence, apprendre la confiance dans les autres, et surtout en soi, est un facteur de performance de l’entreprise. Si un manager est capable de dire à son collaborateur :
« Voici la fiche de poste que je te confie, mais je te fais suffisamment confiance pour en faire ce qui te semble le plus pertinent, pour améliorer ta propre performance, pour ta réussite, pour la mienne mais aussi pour celle de l’entreprise ».
Alors le manager peut se transformer en une sorte de coach de ses collaborateurs.
Au-delà du coaching externe, il s’agit désormais de former le manager non plus à être un agent qui relève de simples compteurs mais un coach interne, développeur de talent.
« Carpe Diem » pourrait commencer à dire de nouveaux managers, comme Robin Williams : Saisir l’instant présent pour en faire ce que nous voulons faire advenir de notre vie au travail.
Alors oui, vous rentrez de vacances.
Oui, vous avez 450 mails à ouvrir.
Mais « Carpe Diem », ayez confiance en vous et en l’avenir,
à chaque jour suffit sa peine.
Vous avez tous en vous quelque chose à faire émerger et à mettre en valeur.
Bonne rentrée à tous !

Claire Laugier Breton
Spécialiste des Ressources Humaines et de la Communication